April 17, 2013

A voir samedi 20 avril à 15 h à l'ABC, Unni, ou le regard sur le monde d'enfants du Kérala

Samedi 20 avril à 15h au cinéma ABC, Saison indienne présente Unni, un film de Murali Nair. 
 
"Unni est un petit garçon qui habite dans un village à Kerala. Il appartient à la caste supérieure des Nairs. Ses amis Raju, Ramu et Gopi, avec lesquels il va à l'école, appartiennent à la caste la plus basse des couches sociales, connue sous le nom "d'intouchables". Ensemble avec ces amis, Unni va découvrir le monde qui les entoure. " (© Patou Films International)

Dans cette interview accordée à Frédérique Bianchi, vice-présidente de Saison indienne, Murali  Nair revient sur son parcours et sur l'historique du film.

Unni, votre film, est projeté dans le cadre d'un ciné-goûter. Paradoxalement, puisque vous avez reçu la caméra d'or à Cannes pour Maranan Simhasanam en 1999, les spectateurs toulousains vous connaissent peu.
J'en suis vraiment désolée ! Si vous m'invitez et si vous m'offrez une bonne bouteille de vin, je peux vous assurer qu'ils se souviendront de moi !

Pour faire connaissance, est-ce que vous voulez bien nous en dire un peu plus sur vous, votre parcours pour devenir réalisateur, votre carrière, vos projets aujourd'hui ?
Après mon master de géologie, j'ai voyagé pendant deux ans en Inde. C'est à la fin de ce voyage que j'ai compris que le cinéma était mon moyen de communiquer. J'ai fait mon premier court-métrage en 1993, à partir d'un poème en malayalam, la langue du Kérala. Ce film a gagné un prix en Inde. Depuis, avec mon épouse, Preeya Nair, j'ai produit des programmes jeunesse pour la télévision, à Londres, j'ai filmé des enfants du monde entier. Pour en savoir plus, vous pouvez visiter ce site :  www.flyingelephant.co.uk  Je vous invite aussi à visiter  www.artforchange.tv pour découvrir le travail que nous menons avec des populations tribales qui n'ont parfois jamais vu de caméra auparavant ! C'est génial...

Pouvez-vous nous expliquer le titre français du film : Unni, l'autre histoire d'un enfant indien ?

Ce film s'appuie sur les souvenirs de mon enfance : grandir dans un petit village du cœur du Kerala. Imaginez-vous combien il peut être difficile d'être prêt psychologiquement à amener une équipe de tournage dans votre propre village ? Et dans votre propre enfance ? Unni raconte l'histoire d'un enfant de la classe moyenne qui grandit dans un village rural.

Pouvez-vous nous raconter l'histoire du tournage de ce film ?
C'était  vraiment une formidable expérience. J'ai été entièrement saisi par l'amour des enfants. L'école n'a quasiment pas changé. Si l'un d'entre vous veut visiter le village, il est le bienvenu quand il veut !

On dit souvent qu'un tournage avec des enfants qui ont un rôle important peut-être plus difficile qu'un autre tournage, quel est votre point de vue ?
Ce sont des histoires fabriquées par les adultes qui ne savent pas comment communiquer avec les enfants. De mon expérience, les enfants sont bien plus éclairés et compréhensifs qu'un adulte. Leurs idées sont neuves. J'aime travailler avec eux  et je suis en train de préparer un autre film avec des enfants actuellement.
Comment voyez-vous le cinéma français ?

Si le cinéma français n'était pas là, je ne serais pas en train de réaliser des films. C'est la seule industrie où la forme a évolué et nous a aidés, nous, les réalisateurs du monde entier, d'un point de vue théorique, esthétique et économique. La manière de raconter des histoires de Robert Bresson a eu une grande influence sur mes jeunes années, je le salue.

Que pensez-vous des cinémas indiens aujourd'hui et de leur capacité de circulation au-delà de leur marché intérieur ?

L'industrie cinématographique indienne est en cours d'évolution. Elle était sous l'influence de la tradition orale et de la glorification du héros depuis très longtemps. Aujourd'hui, sans doute en lien avec la révolution technologique, un vent frais de liberté arrive. Aujourd'hui, c'est plus facile qu'auparavant pour les jeunes réalisateurs. Aujourd'hui, le challenge est plutôt d'innover en matière de contenu et de présentation. La formule bollywood est en train de se briser. C'est un temps de changement. Nous verrons. Parce que le marché local est grand, ils n'ont pas pris en compte les autres marchés, extérieurs. C'est un problème que rencontrent aussi les films différents.

Unni sera diffusé à Toulouse pour la première fois lors de notre festival, qu'auriez-vous envie de dire aux spectateurs, adultes comme enfants, qui vont découvrir votre film ?

L'enfance est la période de liberté la plus perturbante de la vie de quiconque... Savourez-là ! Il n'y a rien qui puisse empêcher quelqu'un de rester éternellement jeune/enfant ! Merci beaucoup de projeter mon film !

Critique du film - par Hervé Gouault
Unni, L'autre histoire d'un enfant indien de Murali Nair, est un film tourné en 2005 en langue Malayalam et sorti en France en 2007.
Nous découvrons la vie de jeunes enfants indiens, dans leur école principalement, dans un village de la région Kérala, au sud-ouest de l'Inde, là même où le réalisateur a grandi. Unni, en rébellion contre sa famille de caste supérieure, désire avant tout pouvoir passer du temps avec ses trois camarades de classe de caste inférieure. Les quatre amis multiplient les espiègleries tout au long du film, à la manière des personnages de Mark Twain, Tom Sawyer et Huckleberry Finn, pratiquant comme eux l'école buissonnière.
On pense aussi au cinéma de François Truffaut, avec son personnage Antoine Doinel qui souffre comme Unni dans ce film de son rapport au père. Mais c'est plutôt du côté du maître de François Truffaut, Jean Renoir, que ce film renvoie, avec une caméra davantage documentaire et ethnique, comme son célèbre film Le Fleuve (1951) en témoigne, filmant les Indiens au plus près de leurs traditions et coutumes.
Nous pourrions ajouter encore d'autres références au cinéma français, comme le film Zéro de conduite de Jean Vigo (1933), au ton libre et novateur, puisque Murali Nair reconnaît l'influence du cinéma français et en particulier de Robert Bresson qui a eu une grande influence sur son expression, comme il le confie dans l'entrevue qu'il a accordée à Frédérique Bianchi, co-fondatrice du premier festival Saison indienne à Toulouse.
Cette chronique de l'enfance vue par les yeux d'Unni plonge le spectateur dans une forte proximité avec les personnages. Elle monte en intensité dramatique jusqu'à une scène finale touchante et belle, qui n'est pas sans rappeler la magnifique scène des enfants japonais du film I Wish de Hirokazu Kore-eda (2011) qui, au passage du train grande vitesse qu'ils guettaient fébrilement, hurlent leurs vœux les plus secrets. 
Ce film tout public nous renvoie tous naturellement à nos souvenirs enfouis de notre enfance dans cette Inde qui nous semble si proche et si lointaine en même temps.

Informations techniques et biographiques
Scénario: Murali Nair

Durée: 80mn
V.O: Malayalam (dialecte indien)
Sortie France: Doublage en français Synopsis
Réalisateur : Murali Nair est né en 1966 à Kerala, au sud de Inde. Depuis son premier court-métrage "A long journey" sélectionné en compétition officielle à Cannes 1996, il a réalisé quatre long-métrages dont Marana Simhasanam "Le trône de la mort" (caméra d'or Cannes 1999), "A dog's day" (un certain regard - cannes 2001), et "Arimpara" (un certain regard - Cannes 2003).

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